Biocoop Le Pissenlit

#13

retour de la voile
marchande

de la découverte du monde
aux 350 tonnes de cargaison bio


nouveaux cas de cancers (période 2005-2015)
Le Tres Hombres à Douarnenez (Armada de Brest 2012)


Comme un très grand nombre de pays depuis l'avènement de la marine marchande moderne, le fret maritime est vital pour la France. Avant d'être distribués dans chaque coin du pays, une grande partie des produits doivent au préalable accoster. Une quantité majeure voyage à travers les océans. Rien que pour la France, en 2017, le fret maritime représentait quelques 352 millions de tonnes (https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/transport-maritime-de-marchandises)…
Si l’on passe sur les invraissemblances qui voguent sur des dizaines de milliers de kilomètres (ex: bois brut qui part jusqu'en Chine pour revenir transformé), les questions des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution sont également interrogées. Selon Reporterre reprenant l’Organisation maritime internationale, il s’agirait de 2,8 % des rejets dans l’atmosphère. Soit, c’est peu... Problème pointé il y a de nombreuses années déjà, la valeur CO2 (un équivalent, en fait) ne résout pourtant pas tout puisque les gaz toxiques évoluent quant à eux sans grande considération… À l’instar des ports industriels ou de marchandises, l’on retrouve diverses polémiques à Marseille (10% de la pollution en ville rien que par les bateaux), à Venise ainsi que dans de nombreuses régions accueillant ces géants des mers, des paquebots de croisière essentiellement. 

En effet, ceux-ci devant rester fonctionnels à quai, continuent de faire tourner leur machinerie avec du fioul lourd extrêmement polluant, devenant cause de maladies cardiovasculaires, d'asthme, et responsable d’environ 60 000 décès en Europe chaque année (https://blogs.mediapart.fr/vilmauve/blog/061118/les-plus-gros-pollueurs-exoneres-en-silence-de-taxe-sur-les-carburants). Rendez-vous compte : un seul navire émet en 24H autant de pollution qu’un million d’automobiles lorsqu’il est à quai !

S’il est possible de penser que le transport maritime de marchandises est malgré tout moins émetteur de pollution aérienne que lorsque la Croisière s'amuse, au total la marine à pétrole est responsable de 932 millions de tonnes d'équivalent CO2 rejetés en 2015. Auxquels s'ajoutent les pollutions des eaux : dégazages en mer et marées noires, perte de containers dont certains remplis de matières dangereuses… la liste est loin d’être exhaustive et s’ajoute à un système maritime complexe, allant des boutiques aux producteurs, que les consommateurs et consommatrices ignorent pour l'essentiel. Pour réparer cela, il existe un film qui explique parfaitement le monde de la marine marchande, pour quelques euros en VOD : Cargos - la face cachée du fret. Un film passionnant et faisant le tour complet du sujet. Il demande juste à ne pas avoir le mal de mer au moment du visionnage…

un autre transport est possible !

Le monde de la mer est en ébullition, et pas seulement à cause du Brexit ! La pêche est mise à mal, les arsenaux doivent remplir leur carnets de commande. Alors on se prend à rêver d'un secteur du transport qui pourrait souffler des emplois pour préparer les voyages de demain… Certes, il s’agit plus aujourd’hui du balbutiement d’un petit quelque chose qui, peut-être, se révélera autrement plus visible demain. À l’image de ces minuscules akènes qui deviennent ces immenses chênes, ou ces cônes du pin douglas, 5 à 10 cm, devenant des majestés de 50 mètres jusqu’à parfois 100 mètres de haut !

Justement, certains de ces arbres sont utilisés - encore - dans la marine, et notamment à voile. C’est le cas par exemple de The Ilen, vieux gréement irlandais de 1926 qui a été entièrement rénové récemment – grandiose – et a retrouvé les mers d’Irlande. C’est le dernier cargo irlandais en bois et à voile encore en activité. Vous pourrez lire (en français, en activant la traduction automatique de votre navigateur) toute l’histoire de ce navire à cette adresse : http://www.ilen.ie/


nouveaux cas de cancers (période 2005-2015)
restauration de The Ilen - Travail du futur mât en Douglas

la route du rhum à l'ancienne


C’est possible ! C’est la grande aventure économique, gustative et maritime de l’équipe néerlandaise de Fair Transport. Ils ont acheté le Tres Hombres (trois hommes – du fait des trois associés) en 2007. Une belle coquille de bois de 32 mètres pour 15 marin.es devant chouchouter le navire aux 19 voiles pouvant transporter jusqu’à 40 tonnes de marchandises en transatlantique… De quoi ramener des cacaos, des cafés et rhums savoureux avec un bilan carbone aussi neutre que les longues vues portées sur l’avenir de la marine à voile !

Les trois amis du plat pays avaient en tête de transporter des produits bio de manière responsable. Car la Bio n’est pas un prétexte à tout : pourvu que ça rentre dans les caisses (sinon dans les tonneaux)... non. Il y a un engagement réel, complexe autant économiquement que logistiquement, et parfois périlleux, lorsque l’on est un marin à moteur ou à voile.


nouveaux cas de cancers (période 2005-2015)
proue du Tres Hombres - Fair Transport


Et c’est ainsi que le navire parcourt l’océan pour transporter les produits pour différentes sociétés, puisqu’ils sont aussi prestataires de transport, comme tout armateur. Si vous avez envie de ramener les meilleurs cigares de Cuba, vous pouvez aussi les contacter et trouver un créneau. À ce propos, magie du monde contemporain, vous pouvez suivre en temps réel le vieux gréement sur les mers. Actuellement, il se trouve d'ailleurs près des Sables d'Olonne, sur les côtes françaises.

La société se développe, et grâce à un système d’actionnariat, chacune et chacun peut parrainer un bateau et devenir armateur et armatrice ! Un second cargo à voiles a déjà rejoint le Tres Hombres en 2015, après une bonne restauration en 2014. Le Nordlys, plus petit pour une cargaison atteignant tout de même les 25 tonnes, est aussi potentiellement l’un des plus anciens navires à voiles encore en activité sur le globe puisque son premier bain date de 1873 ! Et depuis près de 6 ans, il navigue en Europe et passe notamment par le port de Dieppe en Normandie.

Fair Transport propose aussi l’apprentissage, alors si vous êtes jeunes et avez envie de voguer les cheveux au vent pour ramener de bonnes victuailles biologiques tout en vous faisant aussi les biscoteaux (la marine à voile, c’est du sport !), contactez-les.

la bretagne à la pointe


nouveaux cas de cancers (période 2005-2015)
Plan 3D du Grain de Sail (©Grain de Sail)


Plus près de nos côtes, c’est la société Grain de Sail qui défraye la chronique depuis un bon moment maintenant. Jugez plutôt : des bretons ont eu l’idée de vendre des produits de qualité pour concevoir un bateau cargo écologique. N’importe quel esprit normalement constitué aurait fait l’inverse : d’abord chercher des fonds pour s’équiper d’un navire, puis acheminer les matières premières et enfin les transformer.

Fidèles à la réputation des allumé.es du ciré jaune, deux frères fondent en 2010 la société Grain de Sail. Dans une belle et efficace dynamique de développement, ils réaliseront tour à tour un atelier de torréfaction de café, un de confection chocolatier, le tout en bio. Puis, le lancement du chantier d’un navire moderne à voile, long de 24 mètres pouvant embarquer 50 tonnes de marchandises. Loin de pouvoir concurrencer les navires cargos chargeant 200 000t comme le souligne le journal en ligne reporterre.net, l’essentiel n’est pas là. Et si les monstres des mers de plusieurs centaines de mètres ont dans la lunette une houle assez soutenue d’ennuis (changement climatique, énergie...), les partisans du retour à la voile se développent. Et c’est le cas de Grain de Sail qui entrevoit déjà un second bateau de 50 mètres pouvant charger jusqu’à 350t, soit 7 fois plus que l’actuel.

Pourtant le jeune Grain de Sail - baptisé en octobre 2020 - est déjà l’un des plus modernes projets cargos conçu à ce jour avec la voile comme source d’énergie principale. La coquille est en aluminium et le bateau bénéficie de tout un équipement lui permettant d’être autonome en énergie pour tous les appareils de navigation, de vie à bord ou liés à la cargaison.

Pour en savoir plus sur ce bio projet de cargo à voile, consultez la vidéo de reporterre ci-dessous :